Quels avantages attendre de la définition de sa « théorie du changement » ?

1.Qu'est-ce qu'une théorie du changement ?

Définition de la théorie du changement

La « théorie du changement » est un outil utilisé dans le monde de l’intérêt général et de l’Économie Sociale et Solidaire pour aider une organisation à définir sa stratégie et mesurer l’impact de ses activités sur son environnement au sens large.

En partant d’une vision partagée du « monde meilleur », la théorie du changement est un processus par lequel une organisation peut expliciter les changements à opérer afin de faire advenir cet avenir souhaitable.

Une fois cette vision du monde établie, la théorie du changement permet d’identifier les leviers à actionner dans le cadre du projet de l’organisation (association, fondation, entreprise sociale notamment) pour transformer la situation actuelle dans le « bon sens », et obtenir des résultats tangibles et transformants grâce à son activité.

Enfin, des leviers sélectionnés découleront des activités concrètes, qui contribueront à leur échelle à cette visée transformative du monde. Ces activités peuvent être organisées par programme, dont chacun vise un résultat concret.

Modèle de la théorie du changement

La théorie du changement est un modèle qui permet d’articuler une vision transformative globale (forcément macro et idéalisée), et des activités concrètes, plus « micro », dont l’impact est directement tangible et plus facilement mesurable. Corolaire de cette articulation vision macro / activités opérationnelles, la théorie du changement permet une articulation entre des objectifs à court terme et d’autres à plus long terme.

Autre apport de ce modèle : la théorie du changement permet une représentation graphique synthétique de la stratégie au sien d’un meme visuel regroupant la vision, les leviers, les activités / programmes et les impacts / résultats visés.

Origines du concept de théorie du changement

Le concept de la théorie du changement prend sa source dans les travaux de Donella Meadows, notamment son modèle de l’iceberg, qui remet en perspective les faits observés par rapport aux pratiques, les structures et modèles mentaux qui la sous-tendent.

Ce modèle permet de contextualiser un enjeu comme une partie d’un système à plusieurs niveaux.

Il matérialise le fait que les 10% que l’on voit (niveau « émergé » de l’iceberg) reposent en fait sur 90% d’implicite (notamment de croyances et de visions que nous avons du futur, des structures qui organisent et partagent l’information, et des attitudes qui provoquent les résultats/faits).

Au sein de ce modèle, les points de leviers sont les points sur lesquels agir pour produire des changements potentiellement systémiques.

2.Qu’est-ce qu’une organisation peut attendre de la construction d’une théorie du changement ?

De sa définition au suivi de sa mise en œuvre, la théorie du changement est utile à plusieurs titres, pour les acteurs de l’intérêt général (opérateurs et financeurs) qui se prêtent à l’exercice.

L’analyse et la connaissance

Compréhension du problème social et du système dans lequel il se produit : La théorie du changement commence par une analyse approfondie du problème social que l’organisation souhaite résoudre. Cela implique souvent de nommer précisément le problème, de comprendre les causes sous-jacentes du problème et les processus à l’œuvre dans sa construction.

Articulation des résultats attendus : La théorie du changement explicite les résultats souhaités à long terme et les résultats intermédiaires nécessaires pour atteindre ces objectifs. Ces résultats sont souvent hiérarchisés pour montrer comment les changements à court terme contribuent aux changements à long terme.

Énoncé des hypothèses : La théorie du changement explicite les hypothèses sous-jacentes à la logique de changement. Cela peut inclure des hypothèses sur le comportement des bénéficiaires, les facteurs contextuels, les partenariats, etc.

Le lien avec l’activité de l’acteur de l’intérêt général

Identification des activités clés : La théorie du changement spécifie les activités nécessaires pour atteindre chaque résultat intermédiaire et final. Cela inclut souvent la description des interventions, des programmes ou des projets spécifiques.

Le passage à l’action

Mise en œuvre et suivi : Une fois la théorie du changement élaborée, elle sert de guide pour la mise en œuvre du projet. Le suivi continu des activités, des résultats et des hypothèses permet d’ajuster la stratégie en cours de route si nécessaire.
Évaluation des effets produits : La théorie du changement facilite l’évaluation en fournissant un cadre pour mesurer les progrès vers les résultats attendus. Cela permet aux organisations de déterminer si leurs efforts ont eu les effets souhaités.

Pour construire une théorie du changement pertinente, il est donc important pour l’organisation d’intérêt général, opérateur ou financeur, de respecter certaines étapes :

Décrire le système dans lequel elle évolue et les liens entre les différentes composantes de ce système
Identifier précisément le problème qu’elle souhaite résoudre ou sur lequel elle veut avoir un impact positif à travers ses activités
Préciser les dimensions de ce problème qu’elle veut faire évoluer (les croyances / perceptions ; les pratiques ; le cadre légal…), expliciter les processus à l’œuvre, les étapes de construction du problème…
Expliciter ce qu’elle propose de faire concrètement pour y arriver (ses activités / programmes), en donnant si possible des exemples d’impacts recherchés (résultats)

3.Notre regard sur la théorie du changement

Un outil puissant pour les organisations du secteur de l’intérêt général

La théorie du changement est un outil puissant pour les organisations du secteur de l’intérêt général (les associations, les fondations et les autres structures de l’intérêt général) au sens où :

La Théorie du changement permet de structurer l’approche conceptuelle (via un programme de travail / cadre logique fondé sur plusieurs étapes, qui va de la réflexion stratégique à sa déclinaison au niveau opérationnel)
La Théorie du changement force à expliciter les objectifs / résultats visés (en articulant court et long termes au sein d’un meme modèle)
La Théorie du changement permet d’identifier les moyens d’action / activités (leviers et modes d’action à favoriser pour obtenir l’impact recherché)
La Théorie du changement fournit un cadre logique qui favorise la communication et le dialogue avec les parties prenantes internes et externes, sur la base d’un outil visuel simple et complet
La Théorie du changement fournit un cadre pour d’évaluer les effets obtenus (l’évaluation est une étape importante, qui ne peut se faire qu’à travers une cible claire et des activités aux impacts tangibles et mesurables)

Un outil permettant une prise de recul par rapport aux activités quotidiennes

La Théorie du changement favorise une réflexion approfondie sur le processus de changement sociétal et contribue à renforcer la responsabilité et la transparence des organisations vis-à-vis de leurs parties prenantes.

Par ailleurs, ce modèle nous permet – voire nous force à – aborder la société dans son ensemble, dans une approche systémique, englobant « le monde » dans toute sa complexité, et pas seulement sous l’angle de son domaine d’intervention historique.

Enfin, la conception d’une théorie du changement est un processus itératif qui peut évoluer avec le temps. Il est important d’impliquer les parties prenantes, d’être flexible et de s’adapter aux nouvelles informations et aux changements de contexte.

4.Pourquoi se faire accompagner pour définir sa théorie du changement ?

Vous souhaitez visualiser la théorie du changement de votre organisation, mais vous n’avez aucune expérience en matière de conception ou de formalisation de ce type de sujets ? Vous voulez être sûrs d’obtenir les résultats escomptés ?

Se faire accompagner dans son projet de définition de sa théorie du changement peut présenter plusieurs avantages :

Un regard externe complémentaire aux regards des dirigeants et des membres de votre structure

Un accompagnateur externe peut apporter une objectivité qui peut parfois manquer lorsque les parties prenantes internes sont trop impliquées émotionnellement ou politiquement dans le processus. Cela peut aider à éviter les biais potentiels et assurer la fiabilité des données (en se fondant sur de la recherche-action par exemple).

Une montée en compétence sur la méthodologie et les outils

Structuration du processus : La définition d’une théorie du changement peut être un projet complexe, avec de nombreuses étapes. Un accompagnateur peut aider à structurer ce processus, à définir des étapes clés et à garantir que toutes les composantes nécessaires sont prises en compte de manière logique et utile.
Expertise externe : La théorie du changement est un outil conceptuel et complexe dont la maitrise peut prendre un certain temps et pour lequel rien ne vaut des mises en application concrètes ! Au-delà de la maitrise du cadre méthodologique, le consultant peut également apporter des perspectives nouvelles et des connaissances spécialisées qui peuvent enrichir / challenger le processus.
Renforcement des capacités : Travailler avec un accompagnateur peut également être une occasion d’apprentissage pour les membres de l’organisation. Cela peut renforcer leurs compétences en matière de planification stratégique et de gestion du changement

Une animation du processus collectif dans lequel vous êtes impliqué

Facilitation du dialogue : On l’a vu, la définition d’une théorie du changement implique la collaboration de plusieurs parties prenantes. Un consultant expérimenté peut faciliter les mises en relation, les discussions, encourager la participation de tous les acteurs et aider à résoudre les éventuels conflits d’idées.

Alignement stratégique : L’accompagnement peut aider à assurer que la théorie du changement est alignée sur les objectifs stratégiques plus larges au niveau de l’organisation. Cela garantit que les actions prévues sont cohérentes avec la vision globale de l’organisation.
Meilleure appropriation : Les personnes impliquées dans le processus sont souvent plus enclines à s’approprier la théorie du changement si elles ont été activement impliquées dans sa création. Un accompagnateur peut aider à faciliter cette appropriation.

En résumé, se faire accompagner pour définir sa théorie du changement peut aider à garantir un processus robuste, inclusif et stratégiquement aligné, tout en bénéficiant de l’expertise externe et de la facilitation nécessaire pour atteindre ces objectifs.

5.Quelques exemples concrets de projets s’étant appuyés sur la définition d’une théorie du changement

Notre approche de la théorie du changement

CO a accompagné plusieurs organisations dans la définition de leur théorie du changement. Ces projets sont allés de la co-construction de leur vision, à sa déclinaison en leviers et modes d’action plus opérationnels.

Notre accompagnement n’incluait pas l’étape de l’évaluation de l’impact de la théorie du changement des structures accompagnées.

Notons que la logique de l’exercice diffère légèrement lorsqu’il est effectué par un organisme financeur (ex : Fondations redistributrices) ou un organisme opérateur (ex : associations, ONG).

Les étapes que nous avons suivies

Les principales étapes que nous adoptons dans ce type de projets sont les suivantes :

Nous avons commencé par co-construire avec les principales parties-prenantes internes la vision du monde vers laquelle tendre. Pour construire cette vision, nous avons tâché d’éclairer de manière logique ou schématique les enjeux par une analyse des tendances importantes et des données disponibles sur les plans sociaux, économiques, politiques, environnementaux.

Une fois cette vision posée, nous avons travaillé sur les leviers à actionner pour garantir l’impact recherché (dans une logique systémique)

Puis, ces leviers sont traduits opérationnellement par des activités, potentiellement regroupées en projets ou en programmes d’action / axes d’intervention ou de recherche, éventuellement différentiés par type de public visé ou mode d’intervention

Enfin, nous avons construit un dispositif d’évaluation de l’atteinte des objectifs / résultats recherchés. Ce dispositif d’évaluation doit permettre de qualifier l’incidence des différentes hypothèses sur le schéma global d’intervention.

Quelques exemples d’acteurs avec lesquels nous avons travaillé

Nous avons travaillé avec deux types d’acteurs : des organismes dits « redistributeurs », d’une part, et des organismes dits « opérateurs ».

Dans le cadre de l’évaluation de son impact, CO s’est lui-même doté d’une théorie du changement

En tant qu’entreprise à mission, CO s’est doté d’une théorie du changement qui vise à agir sur deux publics (les dirigeants et les bénéficiaires du changement).

Dans le cadre de notre étude d’impact, le cabinet Koreis a cherché à vérifier si les activités de CO ont l’impact social positif escompté dans les faits.

Pour visualiser les résultats complets, vous pouvez consulter notre étude d’impact (en suivant ce lien).