Coup de projecteur sur deux programmes inspirants : Inventer Demain par la Fondation de France et Acteurs de TransitionS par la Fondation Caritas France
Avec le témoignage de l’association Festin
CO ?
En tant que coopérative de conseil à but non lucratif et 100% dédié à l’intérêt général, CO accompagne aussi bien les financeurs (fondations, fonds de dotation…) que les acteurs de terrain et de plaidoyer (associations, entreprises sociales) dans leurs questionnements stratégiques et opérationnels.
Un cycle de tables rondes
C’est fort de ce positionnement à l’interface entre ces deux mondes et dans le but de contribuer aux réflexions du secteur de l’intérêt général, que CO a décidé d’organiser un cycle de tables rondes, créant des espaces de dialogue entre financeurs et opérateurs du secteur.
Des programmes d’accompagnement collectifs
Après une 1ère table-ronde consacrée aux enjeux liés à la fragilisation du capital humain dans le secteur associatif, une seconde sur la question de la stratégie des financeurs, nous avons animé en janvier 2025 une troisième rencontre permettant de mettre en lumière des programmes d’accompagnement collectifs, afin de comprendre les bénéfices générés par ces programmes, et en particulier les évolutions qu’ils induisent dans la relation entre les financeurs et les opérateurs de l’intérêt général.

La table ronde, animée par Alexandra Mousquès (Directrice de CO), a rassemblé trois intervenants aux parcours riches et complémentaires :
- Marion Ben Hammo, Responsable du Laboratoire Inventer Demain (Fondation de France),
- Jean-Marie Destrée, Délégué Général de la Fondation Caritas France,
- Armand Hurault, Directeur de l’association Festin, ayant participé aux deux programmes en question
Deux programmes nés dans un contexte post-COVID d’une volonté de transformer les pratiques philanthropiques pour mieux répondre aux besoins des associations
Inventer Demain est un programme expérimental lancé en 2020 pour une période de cinq ans, qui accompagne vingt-trois projets ambitieux : les « acteurs clefs de changement », dans le but de favoriser un changement systémique. Il propose un soutien financier pluriannuel, inconditionnel et évolutif, couplé à un accompagnement individualisé et collectif.
Acteurs de TransitionS est un programme trisannuel, conçu en 2021 par la Fondation Caritas et cofinancé par les Fondations abritées et un grand mécène. Ce programme soutient les projets d’insertion en lien avec la transition écologique. Il vise à offrir une relation plus flexible, basée sur l’écoute et l’accompagnement.


Un changement de posture dans la relation financeur-association
Interrogé sur son expérience en tant que participant à ces programmes, Armand Hurault a mis en avant la qualité de la relation instaurée entre financeur et financé. Contrairement à un modèle de financement classique, les associations peuvent faire preuve de transparence sur leurs difficultés sans craindre de mettre en danger leur financement. Cette posture favorise un accompagnement plus opérationnel et plus constructif.
Du côté des fondations, cette dynamique repose sur un engagement mutuel et une coopération renforcée. Ainsi, Jean-Marie Destrée souligne qu’il est essentiel de fixer dès le départ les engagements réciproques entre fondation et participant au programme.
L’importance de la dimension collective
Parmi leurs nombreux points communs, les programmes Inventer Demain et Acteurs de TransitionS présentent tous deux une forte dimension collective, combinant un accompagnement individuel à des temps collectifs et des espaces d’échanges entre pairs. Armand Hurault a souligné que ces espaces permettent d’éviter l’isolement, de bénéficier de retours d’expérience et de renforcer l’impact des initiatives, comme ce fut le cas du projet national Restaure, né des synergies entre les participants. Jean-Marie Destrée a, quant à lui, insisté sur la valeur de la co-construction, notamment dans la définition d’un référentiel d’évaluation adapté aux besoins des acteurs de terrain.
Cette dimension collective permet d’instaurer une logique de compagnonnage entre les participants et la fondation.


Limites et conditions de réussite de ces programmes
Armand Hurault a pointé le niveau d’engagement requis pour les associations, notamment pour les dirigeants qui doivent consacrer du temps aux séances collectives et aux accompagnements stratégiques. Il a insisté sur la nécessité d’assurer la qualité des contenus proposés et d’adapter le programme au niveau de maturité des structures participantes.
Marion Ben Hammo et Jean-Marie Destrée ont quant à eux souligné les ressources humaines et financières nécessaires à la réussite de tels dispositifs. Enfin, l’aspect expérimental de ces programmes nécessite une certaine liberté d’action et une capacité d’adaptation.
PROGRAMMES COLLECTIFS : QU’EN RETENIR ?
Cette table ronde a mis en évidence un changement de paradigme dans la relation entre fondations et associations. D’une relation “financeur-bénéficiaire” plutôt verticale et contractuelle, on s’oriente vers une coopération plus horizontale, favorisant la transparence, l’expérimentation et les apprentissages mutuels.
S’il ne semble ni probable ni forcément souhaitable que ces programmes deviennent une nouvelle norme et soient généralisés en l’état, ils ont néanmoins vocation à inspirer de nouvelles pratiques dans les modalités d’action, en particulier à travers une posture de confiance et de coopération.
Comment aller plus loin dans l’amélioration de la relation et de l’accompagnement ?
Ces programmes constituent déjà une grande avancée dans la manière dont fondations et associations cheminent ensemble. Quelques pistes permettraient de répondre encore mieux aux enjeux des associations, notamment :
- Anticiper la “sortie” des financeurs pour garantir la pérennité des structures en travaillant plus en amont sur leurs modèles socio-économiques
- Intégrer davantage les fondations abritées dans l’accompagnement au-delà du cofinancement