La question de l’inclusion des bénéficiaires au sein des instances de gouvernance est devenue centrale pour nombre d’organisations, pour des questions de démocratie, de transparence, et de respect de la citoyenneté des personnes concernées par votre action.
Mais attention, en matière d’inclusion des bénéficiaires dans les instances de gouvernance, il ne faut pas confondre la théorie et la pratique. Avant de vous lancer les yeux fermés dans l’inclusion des bénéficiaires à votre gouvernance, il est nécessaire de distinguer si les bénéficiaires en question sont des personnes physiques, potentiellement en situation de vulnérabilité, ou si bien s’il s’agit d’autres structures morales.
- Si votre gouvernance est composée de personnes morales
Dans le cas de gouvernances composées de structures morales, la question principale à se poser sera celle de la représentativité : quelles sont les organisations qui doivent avoir une voix au sein de ma gouvernance ? Comment puis-je garantir le bon équilibre des pouvoirs et le partage des rôles et responsabilités entre chaque structure ? Comment contrôler l’équité entre les parties prenantes ? Quels sont les partenaires qui doivent être inscrits dans les statuts de l’association ?
- Si votre gouvernance est composée de personnes physiques
Dans le cas de personnes physiques, la pratique est encore plus complexe. En théorie, l’inclusion des bénéficiaires est devenue un incontournable afin de garantir et de développer leur pouvoir d’agir. Mais dans la pratique, elle doit être réfléchie afin de ne pas devenir contre-productive. Pour ce faire, différentes modalités peuvent être envisagées.
En interne, recueillir la parole des personnes accueillies, en particulier dans la construction du projet associatif de l’association, et tout au long de la vie de l’association : questionnaires et sondage pour recueillir les avis, entretiens, …
Intégrer les personnes au sein des instances de gouvernance, à condition que cela ne les mette pas en difficulté. En effet, intégrer une personne en situation de handicap, seule, au sein du Conseil d’Administration d’une organisation composé de personnes valides, peut se révéler être une expérience difficile et entrainer des mécanismes d’auto-censure pour elle. De même, intégrer un « jeune » de moins de 25 ans au sein d’un Conseil d’Administration composé de personnes plus âgées peut se révéler inefficace, si ce dernier ne se sent pas assez en confiance et légitime pour exprimer son point de vue auprès des autres membres. Dans ces deux cas de figure, s’appuyer sur des commissions, collèges, groupes de parole, à l’échelon local ou national, peut permettre une inclusion de la parole des bénéficiaires dans les choix stratégiques de l’association sans mettre en difficulté ces derniers.
S’inspirer des pratiques des organisations du monde associatif pionnières en la matière, comme ATD Quart Monde ou Act up, avec leur concept de « démocratie sanitaire »